LETTRE DE LIAISON


des militants combattant
pour le FRONT UNIQUE
des syndicats de l'enseignement public


 

Texte Front Unique contre la signature du protocole - CA du SNCS FSU - 6 novembre 2018
 

Prise de position de FU lors de la discussion  au sein de la CA du SNCS à propos la signature par la FSU de l’accord dit « égalité professionnelle entre les femmes et les hommes », avant le vote du CDFN de la FSU des 13 et 14 novembre.

Quel est l’objectif de ce protocole d’accord dit d’ « égalité professionnelle entre les femmes et les hommes » ?

Dans son préambule, cet accord affirme que Macron a érigé « en grande cause » de son  quinquennat l’égalité entre les hommes et les femmes alors même que celles-ci paient le prix fort sa politique de  démembrement des conquêtes ouvrières. Ainsi les salariés les plus touchés par les ordonnances de la loi travail sont ceux en CDD ou travaillant dans les petites entreprises, deux catégories où les femmes sont surreprésentées. L’inversion de la hiérarchie des normes renvoie à l’entreprise la définition de nombreux droits, et notamment les droits familiaux. Les congés enfants malades pris en immense majorité par les femmes, l’allongement du congé maternité et le maintien de la rémunération à 100%, l’allègement du temps de travail des femmes enceintes… tous ces droits, prévus jusqu’alors dans les conventions collectives de branche, pourront être demain remis en cause par accord d’entreprise.

 Ensuite, toujours dans le préambule, il est expliqué que ce protocole est partie prenante des quatre chantiers du plan CAP2022, plan de liquidation du statut de la fonction publique ainsi que de la future réforme … des retraites qui remet notamment en cause les pensions de réversion. D’après un document de la FSU, dont la direction voudrait signer un cet accord, les retraites de femmes sont en moyenne 40% inférieures à celle des hommes, les pensions de réversion permettent de réduire cette inégalité à 26% !

Cela suffirait à dénoncer l’hypocrisie de cet accord et  à refuser de le signer. Mais ce n’est pas tout.

En attaquant la fonction publique le gouvernement s’en prend à un secteur principalement composé de femmes (62%, ce taux monte à 78% dans la FP hospitalière, avec 43% l’ESR est une exception). 45% des femmes travaillent dans la fonction publique contre 18% des hommes (S. Pochic VRSn°408). On voit donc que la signature d’un tel protocole serait un point d’appui considérable pour le gouvernement pour porter ses coups contre l’ensemble de la fonction publique. Les mesures du protocole épousent tous les axes des chantiers de CAP2022.

Alors que l’un des axes de ce protocole serait la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, la généralisation des contrats – qui sont déjà majoritairement des emplois féminins- au détriment du statut nourrira le terreau de ces violences.  En effet les statistiques du ministère du travail montrent que les femmes qui exercent un travail précaire ont 78% plus de risque d’être harcelées que celles qui ont un travail stable !

Dans le statut de la fonction publique, le point d’indice et les grilles indiciaires est une garantie de l’égalité salariale. Les périodes de congé de maladie (dont le congé maternité) ne doivent pas être retranchées du temps de service requis pour l’avancement d’échelon, de grade, la promotion dans un corps supérieur. Il n’en sera plus de même pour le salaire au « mérite », autre chantier de CAP2022. Le protocole inciterait à des corrections pour les femmes par des primes, des quotas de promotions, dont l’attribution sera soumise … à l’arbitraire !  Tout ce qui était érigé en droit devient soumis au bon vouloir de la hiérarchie !

Quant aux quotas de promotions, cheval de bataille de  A. Petit, président du CNRS -et du député LREM Villani , récemment convertis au « féminisme »-, c’est un bon moyen de détourner l’attention du nœud du problème : les carrières bouchées pour la majorité des agents et  la réduction drastique du nombre de postes chercheurs, de 300 à 250, goulot d’étranglement pour des milliers de chercheur.e.s précaires, provoquant le recul de l’âge du recrutement qui atteint déjà 34 ans, facteur qui de plus est objectivement discriminant pour les femmes !

Concernant la mobilité, un des 4 chantiers de CAP2022, elle devra simplement être mieux anticipée pour les femmes, mieux accompagnées, les mobilités fonctionnelles devront être préférées aux mobilités géographiques … .

La journée de carence sera entérinée avec une exception … les femmes enceintes !

Enfin, soulignons la volonté – condescendante !- de vouloir aider les femmes à mieux concilier la vie personnelle et familiale ! Bien évidemment il ne s’agit pas de remédier à la dégradation des conditions de travail, à l’inflation des tâches parasites et chronophages, au stress des réorganisations permanentes,… qu’elles subissent – comme tous les agents de la FP- mais bien de les gérer pour les faire perdurer et les intensifier encore.

Un exemple de mesure : « Favoriser le recours au télétravail et/ou au travail sur site distant pour les femmes en état de grossesse permettrait aux agentes concernées de réduire leur état de fatigue et leurs déplacements. » On voit poindre la remise en cause des congés pathologique. Et pourquoi ne pas étendre le télétravail aux parents (hommes ou femmes) d’enfants en bas âges pour palier à la dégradation des services à la petite enfance … ?

En effet une des conditions de l’émancipation des femmes est la socialisation des tâches domestiques, or la réforme des rythmes scolaires, les coupes dans les budgets sociaux des collectivités territoriales se traduisent par la dégradation  de tous les services à l’enfance, aux personnes âgées, des activités sportives et culturelles, …, renchérissent des cantines ; tous les acquis en la matière s’étiolent et se traduisent par un surtravail surtout assumé par les femmes.

Mais les femmes ne sont pas une classe en soi, il n’y a pas égalité de conditions, ni de situation sociale entre elles. Certaines sont chefs d’entreprise, … ministres …, d’autres  cadres de haut niveau et peuvent résoudre leur problème en se payant les services de domestiques. Mais ce n’est pas le lot de toutes les femmes travailleuses, dont le sort est lié à celui de l’ensemble des travailleurs comme le démontrent les effets des coups qui ont déjà été portés contre leurs acquis.

A propos de la réforme de la fonction publique l’éditorial du Monde du 31 octobre parle d’une réforme tentaculaire et conclut par : « Il faudra enfin un sens aigu de la concertation avec les fonctionnaires et leurs syndicats, sans l'assentiment desquels la réforme de l'Etat ne peut avancer, et encore moins réussir. ».

C’est un tel assentiment que recherche le gouvernement avec ce protocole d’accord soi-disant pour « l’égalité professionnelle ».

Ne lui faisons pas un tel cadeau en le signant.

Comment un syndicat digne de ce pourrait apporter un tel soutien au gouvernement Macron-Philippe alors qu’il a entrepris le démantèlement de  toutes les conquêtes sociales, du statut de la fonction publique, de l’enseignement supérieur et les organismes de recherche publics comme l’expliquent les tracts intersyndicaux de l’ESR ?

C’est pourquoi la position du SNCS au CDFN de la FSU devrait être que la FSU ne signe pas

En tout état de cause l’orientation que défendra Front Unique au CDFN sera :

Ne donnez pas votre accord au protocole du gouvernement ! Ne signez pas !

Le 6 Novembre 2018

Marie-Claire Saint-Lager,

Elue  Front Unique à la CA du SNCS-FSU



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