LETTRE DE LIAISON


des militants combattant
pour le FRONT UNIQUE
des syndicats de l'enseignement public


Lettre de liaison N°89 - supplément du 23 novembre 2004

La direction du SNES, de la FSU, des fédérations de l'enseignement public doivent se prononcer:

· Retrait du projet de loi Fillon,
· Rupture des négociations sur ce projet.


La CA du SNES de l'Académie de Clermont-Fd se réunissait le lendemain de l'intervention télévisée de Fillon qui annonçait les grandes lignes de son projet de loi. Les représentants du courant Front Unique sont intervenus et ont mené le combat pour que le SNES exige le retrait de ce projet qui maintien l'essentiel des attaques contenues dans le rapport Thélot, et se retire des concertations sur le projet de loi. Voici leurs principales interventions et les motions proposées au vote:

Première intervention:

Ce matin il a été dit que Fillon a utilisé un discours très policé pour ne heurter personne, où des choses ont été pointées et d'autres pas.

Cependant il faut à nouveau insister sur le fait que les objectifs de la bourgeoisie sont maintenus.

Ce matin j'ai qualifié ce projet de loi de "réforme de classe" dans la mesure où on instaure un SMIC culturel par l'intermédiaire du socle commun, dans la mesure où Fillon redit lui-même ce qu'il entend par "réussite scolaire", exactement tel que c'est énoncé dans le rapport THELOT, où il est dit qu'il ne s'agit absolument pas que "l'école se propose de faire que tous les élèves atteignent les qualifications scolaires les plus élevées" C'est une "réforme de classe" lorsque Fillon compte livrer clé en main au patronat jusqu'à 500000 jeunes en apprentissage d'ici 2 à 3 ans, en introduisant les entreprises dans les établissements, en développant l'alternance, en détruisant et en adaptant les filières au gré des besoins de l'économie locale, en liquidant les diplômes nationaux.

Pour ce qui est de l'instauration du contrôle continu au bac je pense qu'on ne peut pas dire que "c'est une question difficile", et qu' "on est seuls". Non: tous les collègues de lycées sont directement atteints par ces attaques et c'est avec eux qu'il faut d'abord compter pour se mobiliser car les collègues sont les premiers concernés par la casse des statuts, par le salaire l'affectation et l'avancement qui vont se faire au mérite, en distinguant les bons des mauvais profs.

Comme l'a parfaitement rappelé un collègue ce matin sur les remplacements, c'est inacceptable, on ne peut pas se laisser faire, et il n'y a rien à discuter, il faut des mots d'ordres clairs. Maintenant il faut aller au bout des choses. Fillon s'est largement félicité du consensus et des objectifs communs réalisés avec la FSU, qui sont directement le résultat de la concertation de nos directions avec le gouvernement. Pour couronner le tout Fillon a gentiment convié Aschieri à ne pas oublier que les négociations reprenaient lundi.

Je crois qu'il faut arrêter de croire et de faire croire qu'il est possible de faire plier le gouvernement avec des négociations, Fillon n'a que faire des "propositions" de la FSU et comme pour les autres réformes il ira jusqu'au bout.

Alors on va encore nous dire : "On ne peut pas jouer la politique de la chaise vide", mais encore une fois, ce projet de loi inacceptable est le résultat de la politique de la "chaise pleine", et plus que jamais je crois qu'on ne peut que demander à la CA qu'elle se prononce pour le retrait du projet de loi, pour la rupture des négociations sur ce projet c'est en ce sens que je vous soumets la motion que vous avez sous les yeux.

Motion Front Unique

Fillon a indiqué hier les grands axes de son projet de loi:

· Instauration d'un "socle commun de connaissances", véritable SMIC culturel dont la fonction est de réduire drastiquement le nombre de jeunes pouvant poursuivre des études et d'envoyer de plus en plus de jeunes en apprentissage.

· Casse des statuts des enseignants : remplacement des professeurs absents par les collègues de l'établissement ; salaire, affectation, avancement au mérite.

· Instauration du baccalauréat en contrôle continu.

Ce projet ultraréactionnaire vise à détruire l'enseignement public, en finir avec les diplômes nationaux, à fournir au patronat les jeunes sans diplôme dont il a besoin.

Il vise aussi à briser les statuts des enseignants pour mieux s'en prendre ensuite à l'ensemble de la Fonction Publique.

En conséquence, la CA du SNES de l'Académie de Clermont-Fd réunie le 19/11/2004 se prononce pour:

· Le retrait du projet de loi Fillon,
· Rupture des négociations sur ce projet.


Elle s'adresse aux instances nationales du syndicat pour qu'elles reprennent les mêmes mots d'ordre. A partir de là, les conditions seront réunies pour la réalisation du Front Unique des organisations pour défaire le gouvernement.

Vote : 2 pour, 5 abstentions, 18 contre.

Deuxième intervention

La question des salaires est importante aujourd'hui non seulement pour les enseignants mais pour tous les fonctionnaires et au-delà, pour toute la classe ouvrière.

Quelle est la politique actuelle du gouvernement sur les salaires?

Récemment Dutreil, recevant les représentants des syndicats, leur proposait pour augmenter les salaires:

· Soit de supprimer des postes, et avec l'argent économisé de financer des augmentations,

· Soit d'augmenter les fonctionnaires "au mérite". Cela est bien sur lié au projet de loi Fillon.

Comment se battre aujourd'hui pour les salaires? Les directions des syndicats demandent plus de concertation. Mais le pendant de la concertation, c'est la dislocation de la mobilisation en journées d'action diverses, le SNES propose le 7, la FSU n'est pas d'accord, la CGT appelle le 8, etc.

Aujourd'hui, se battre pour les salaires, c'est d'abord faire la clarté dans les mots d'ordre : le combat pour 5% d'augmentation du point d'indice, inséparable du combat contre l'individualisation du salaire, pour la défense de la grille unique!

Il en va de même pour la loi d'orientation.

Comment peut-on affirmer qu'il faut aller négocier sur la loi car "il faut s'exprimer dans le débat", comme l'a dit le représentant U et A? Depuis quand le ministère est-il une tribune pour nos organisations? Si on parle de tribune, Aschieri en avait une belle hier : il passait à la télé, et n'a parlé que de "consensus sur les objectifs de la réforme" au point que Mazerolle lui a demandé s'il maintenait l'appel à la grève du 7!

Il faut être clair: peut-on accepter de se voir imposer 72 heures supplémentaires par an pour assurer les remplacements des collègues, comme le propose le document du Ministre : "14 propositions pour un projet de loi"? Peut-on accepter la casse du bac, de l'enseignement, des statuts, le salaire au mérite? Il faut l'affirmer : cette loi est intégralement réactionnaire!

Et nos mots d'ordre doivent être clairs: Il faut exiger le retrait de ce projet, à partir de là, nous pourrons rassembler et mobiliser les collègues.

Cote d'Ivoire :

Les représentants Front Unique ont posé dans la CA la question d'une motion sur la Cote d'Ivoire "pour le retrait inconditionnel des troupes françaises". La motion finalement mise aux voix a recueilli 7 pour, 7 contre, 7 abstentions et 2 refus de vote.

"La CA du SNES réunie le 19/11/2004 se prononce : Retrait immédiat des troupes françaises et étrangères(1) de Cote d'Ivoire et de toute l'Afrique."

(1) Il a été précisé oralement que les "troupes étrangères" en question étaient les troupes de l'ONU.


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