LETTRE
DE LIAISON
des militants combattant
pour le FRONT UNIQUE
des syndicats de l'enseignement public
Lettre de liaison N° 268 - 29 mars 2017 [Version pdf]
Conseil national de la FSU des 21 et 22 mars 2017
Au CDFN de la FSU, les représentants du courant Front Unique ont combattu pour que la direction de la FSU se prononce :
- contre les candidats de la bourgeoisie aux élections présidentielles (pas une voix pour Fillon, Macron, Le Pen !)
- pour labrogation de la loi « sécurité publique » qui autorise les policiers à user de leur arme hors situation de légitime défense
- pour labrogation de la loi de sélection en master
Intervention du courant Front Unique dans le débat général
Le meurtre de Rémi Fraisse, lhomicide dAdama Traoré, les infirmités infligées à des manifestants et maintenant le viol de Théo sont les manifestations les plus aiguës de la violence dÉtat généralisée contre la jeunesse et les travailleurs en lutte.
On peut y ajouter les contrôles systématiques au faciès, la persécution des migrants et de ceux qui tentent de leur venir en aide, la répression policière et judiciaire contre les manifestants et les militants. Et lacharnement de lÉtat et de ses forces répressives contre la famille Traoré ne vise quà tenter de la faire renoncer à son combat pour que justice soit rendue pour la mort dAdama.
Et comment ne pas mentionner la rafle de 55 élèves du Lycée Suger de St Denis gardés à vue pendant 36 heures dans des conditions scandaleuses.
Certes, pour pouvoir restreindre les libertés démocratiques, le gouvernement a profité de la sidération de la population face aux attentats terroristes. Il a pu en particulier instaurer létat durgence prolongé 5 fois déjà.
Mais il a aussi pu compter jusquà présent sur la complaisance ou la passivité de nombreux dirigeants des partis et syndicats ouvrier pour mettre en uvre tout un arsenal répressif qui conduit à lEtat policier.
La loi dite de sécurité publique, votée en février en procédure durgence, a accordé aux policiers un permis de tuer réservé jusqualors aux seuls gendarmes. On le voit, quelques jours après la terrible agression de Théo, cest davantage dimpunité qui est accordé aux policiers. Pour les jeunes par contre, les peines pour outrage aux forces de lordre sont doublées allant jusquà un an de prison ferme.
Bien sûr, tant les députés LR, UDI que FN ont voté cette loi.
Il faut rappeler quau CDFN de janvier, notre secrétaire générale sétait opposée au vote de la motion Front unique qui exigeait le retrait de ce projet de loi au motif quil aurait contenu une disposition favorable à la jeunesse. Depuis, de très nombreuses organisations de défense des libertés démocratiques ont dénoncé cette loi. Il semblerait que la direction de notre fédération, elle aussi, regrette son adoption. Nous espérons donc quil sera possible que nous adoptions demain une motion exigeant labrogation de cette loi scélérate.
Venons-en aux élections présidentielles.
Chacun sait que la situation est très défavorable aux travailleurs après 5 ans de gouvernements Hollande au service des capitalistes. Ladoption de la loi El Khomri contre le droit du travail, avec la responsabilité des directions syndicales, a scellé une défaite majeure qui pèse encore lourdement sur les travailleurs.
Dans ces conditions, Il est presque certain que dès le soir du 1er tour les travailleurs seront défaits avec une qualification pour le 2ème tour de deux des 3 principaux candidats de la bourgeoisie que sont Fillon, Macron et Le Pen.
Fillon veut supprimer 500 000 emplois publics, attaquer la Sécu, financer les écoles privées hors contrat, confier aux chefs détablissement le choix des enseignants. Pour Macron, cest 120 000 postes de fonctionnaires supprimés et linstauration de la sélection dès lentrée en licence. Quant à Le Pen, elle ajoute le racisme et la xénophobie à son programme de régression.
Pour limiter la victoire quasi-inéluctable dun des candidats de la bourgeoisie, les travailleurs ont comme seule possibilité de voter au 1er tour pour les candidats présentés par des partis qui sont liés historiquement au mouvement ouvrier que sont Hamon, Poutou et Arthaud. Un tel vote ne signifiant pas approbation de leur programme. En particulier pour Hamon il ne peut y avoir aucun soutien à son « revenu universel » ou au CPA quil ose présenter comme un acquis alors quil constitue une régression essentielle de la loi travail.
Quant à Mélenchon, en se présentant comme un « homme providentiel », en se plaçant au-dessus des partis, en remplaçant les drapeaux rouges par les drapeaux tricolores, il a signifié quil ne se revendiquait plus du mouvement ouvrier mais dun mouvement citoyen prétendant rassembler toutes les classes sociales.
Mais pour ces élections, au soir du 1er tour les organisations syndicales seront placées face à un choix essentiel.
Les dirigeants syndicaux vont-ils par avance sassocier au déluge dattaques que promettent certes avec des différences les Macron, Fillon, Le Pen ? Tel serait le cas sils appelaient à voter au soir du 1er tour pour le candidat bourgeois qui serait face à Le Pen sous prétexte de lutte contre le FN. Ce serait accepter par avance les suppressions massives de postes de fonctionnaires, la liquidation des retraites, etc.
Ce serait ajouter la déroute à la défaite. On ne peut accepter quon nous refasse le coup de 2002.
Pour se préparer dans les moins mauvaises conditions aux attaques qui vont déferler contre nous, dès le soir du premier tour, la FSU doit dire et appeler CGT et FO à dire :
Pas une voix pour Le Pen, Fillon, Macron, candidats du capital, au second tour
Quoiquil en soit, compte tenu de limportance de cette échéance, un CDFN exceptionnel dune journée doit être convoqué le mardi suivant le 1er tour.
Présentation motion « abrogation de la loi sécurité publique »
Mardi 7 mars se sont produits des faits inédits en matière de répression : au lycée Suger de St Denis, les élèves ont été évacués, jetés aux policiers ; 55 ont été raflés par la police et mis en garde à vue pendant trente-six heures dans des conditions scandaleuses.
Ces faits sinscrivent dans la logique du renforcement continu de larsenal répressif. Ainsi lAssemblée nationale a adopté en procédure accélérée le 15 février 2017 la loi relative à la « sécurité publique ». Elle satisfait la quasi-totalité des revendications des policiers lors des manifestations de lautomne. Elle assouplit les règles de légitime défense, ce qui revient à aligner les tirs des policiers sur ceux de la gendarmerie, cest-à-dire larmée, et elle double les peines pour outrage. Elle autorise aussi larmement des agents de sécurité et des polices municipales en reprenant un amendement du Sénat.
Se trouvent ainsi justifiées les récentes violences policières : viol de Théo, meurtre dAdama Traoré, meurtre de Rémi Fraisse restent impunis.
Les jeunes sont la cible privilégiée de la violence dÉtat comme lavait montré la répression des manifestations de lycéens contre la loi travail. Avec les travailleurs en lutte (Goodyear, Air France), les migrants, ils sont victimes de la marche à lÉtat policier qui sapprofondit. Létat durgence installé en novembre 2015 a encore été prolongé de 6 mois. Les libertés démocratiques, droit de réunion, dexpression, de manifestation, ont été restreintes. Le gouvernement Hollande-Cazeneuve sest ainsi doté de tout un arsenal juridique dont lobjectif est clairement de museler la classe ouvrière et la jeunesse.
Dans son communiqué du 17 février, la FSU déclare : « Alors que la mort dAdama Traoré et le viol commis à lencontre de Théo Luhaka illustrent tristement lexistence de violences policières, les députés viennent dapprouver le projet de loi «Sécurité Publique », qui assouplit les règles de légitime défense pour les policiers et durcit les peines pour outrage aux forces de lordre. »
Notre fédération doit en tirer la conséquence : exiger labrogation de cette loi.
Motion pour labrogation de loi dite de sécurité publique
Quelques jours après la terrible agression du jeune Théo par des policiers à Aulnay, le gouvernement a fait adopter en procédure durgence une loi dite de sécurité publique.
Celle-ci étend aux policiers la possibilité dutiliser leur arme à feu en dehors de situations de légitime défense et aggrave les peines encourues pour outrage à personne dépositaire de lautorité publique.
Cela revient à accroître limpunité dont bénéficient les policiers.
Le CDFN de la FSU se prononce donc pour labrogation de la loi dite de sécurité publique.
41 pour (43,2% des exprimés); 53 contre ; 1 abstention ; 12 refus de vote
Présentation motion « abrogation de la loi sélection en master »
Le courant Front Unique est intervenu dès septembre pour dénoncer le projet de sélection à lentrée en master.
La loi a été promulguée le 23 décembre. Le gouvernement a pu aller au bout de son projet parce quil na pas trouvé dopposition. Il a même trouvé des alliés, grâce à laccord du 4 octobre signé entre autres, par le SNESup et lUNEF.
Aujourdhui, la direction du SNESup est obligée de reconnaître que lapplication se fait au détriment des étudiants, que beaucoup nauront dautre choix que de mettre un terme à leurs études. Hervé Christofol (Secrétaire général du SNESup-FSU) est cité dans un article du site Educpros : « Plus personne n'ose laisser l'entrée des masters libre, de crainte de devoir accueillir toute la misère du monde ».
Lappel de la Commission Administrative du SNESup nous parle d « interprétation abusive » de la loi. Que « cette interprétation abusive de la loi contredit le principe même de la libre « poursuite détudes » et avalise par le fait le manque de moyens et laustérité ».
Le « droit à la poursuite des études », présenté comme une victoire par la direction de lUNEF, nous savons tous que cest du vent !
Qui peut sétonner que le gouvernement, au service des intérêts du capital français, fait des lois et quil les applique ! Qui peut sétonner que la CPU (Conférence des Présidents dUniversité), et tous les présidents duniversité, qui réclament la sélection, la mettent en place avec joie et célérité quand on la leur offre !
Dans un contexte de « rationalisation » de filières (suppression dheures de cours, fermeture de filières entières, gels de postes) dans le cadre des fusions universitaires, qui peut croire que les moyens vont être mis en uvre pour laccueil de tous les étudiants ?
30 ans après léchec du projet de loi Devaquet, la bourgeoisie tient enfin sa revanche.
Et ce nest pas fini ! Cette victoire de la bourgeoisie donne les coudées franches à tous ceux qui veulent aller plus loin encore dans la sélection et la mise en concurrence des étudiants : la voie est ouverte à la sélection dès lentrée en licence.
Le président de la CPU, Fillon et Macron prônent la sélection dès lentrée de luniversité.
Pour le Figaro, « une telle mesure serait une véritable révolution dans lenseignement supérieur français. »
Des étudiants essaient de combattre. A Montpellier, Toulouse, Paris, Rouen, Caen, Besançon et ailleurs.
Ces mouvements sont pour linstant limités. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Ils sont seuls face à ladministration universitaire et subissent parfois la répression policière, comme à Besançon.
Pour un réel droit à la poursuite des études à luniversité, il est de la responsabilité du CDFN de la FSU de se prononcer pour labrogation de la loi de sélection.
Motion pour labrogation de la loi instaurant la sélection en Master.
La loi réformant les masters entre en application. Elle instaure la sélection à lentrée en M1 et interdit à de très nombreux étudiants laccès au master de leur choix.
De plus, elle ouvre la voie à la sélection à lentrée à lUniversité.
Le CDFN de la FSU soppose à toute forme de sélection, tant à lentrée en licence quà lentrée en master ou entre M1 et M2. Tout étudiant qui a validé une licence doit pouvoir accéder de droit à un master correspondant à son parcours antérieur et dans son université.
En conséquence le CDFN se prononce pour labrogation de la loi de sélection en master.
31 pour (37,3% des exprimés) ; 52 contre ; 0 abstention ; 24 refus de vote
Présentation motion « convocation CDFN après 1er tour des présidentielles »
Au soir du premier tour de l'élection présidentielle, il est presque certain que les travailleurs seront défaits et que les qualifiés au second tour se trouveront dans le trio de candidats bourgeois suivants : Fillon, Macron, Le Pen.
Cette situation nous rappelle celle de 2002 où à la surprise générale, les qualifiés au second tour étaient Chirac et Le Pen.
Réaction quasi-unanime des organisations syndicales : il faut voter Chirac pour faire barrage au Front national. Ce fut une escroquerie, un mensonge, une arnaque. A ceux qui, à l'époque, dénonçaient cet appel en alertant sur les conséquences dramatiques d'un tel vote pour les travailleurs, on répondait qu'un président élu avec les voix de la « gauche » ne pourrait pas mettre en place son programme. Quand un président est élu avec plus de 25 millions de voix, il a les coudées franches pour pouvoir mener à bien son programme.
Souvenons-nous de la contre-réforme des retraites de 2003, de la loi de décentralisation, de la liquidation du statut des MI-SE (surveillants des établissements du 2nd degré)...
Aujourdhui, Fillon veut supprimer 500 000 emplois publics, attaquer la Sécu, financer les écoles privées hors contrat, confier aux chefs détablissement le choix des enseignants.
Pour Macron, cest 120 000 postes de fonctionnaires supprimés et linstauration de la sélection dès lentrée en licence.
Quant à Le Pen, elle ajoute le racisme et la xénophobie à son programme de régression.
Quiconque prétend défendre les travailleurs ne peut quappeler à voter contre ces candidats réactionnaires : Pas une voix pour Macron, Fillon, Le Pen !
Forts de l'expérience de 2002, moins celui qui sera élu aura obtenu de voix, plus il lui sera difficile d'appliquer son programme.
Et quon cesse dagiter lépouvantail du Front National. Aujourdhui, cest bien le gouvernement qui traque les migrants, pratique les contrôles au faciès, accorde le " permis de tuer" aux policiers.
Nous demandons la convocation dun CDFN extraordinaire dans les jours suivant le 1er tour des présidentielles pour que la FSU puisse sexprimer publiquement.
Nous soumettons au vote une motion en ce sens.
Motion pour la tenue dun CDFN extraordinaire
Pour que la FSU puisse se prononcer en connaissance de cause à lissue du 1er tour des élections présidentielles, il est nécessaire que soit convoqué un CDFN extraordinaire dans les tous premiers jours suivants le 1er tour.
6 pour ; 71 contre ; 0 abstention ; 30 refus de vote