LETTRE DE LIAISON


des militants combattant
pour le FRONT UNIQUE
des syndicats de l'enseignement public


N° 101 - 12 janvier 2006
Pour infliger une défaite au gouvernement sur les plans de réformes réactionnaires qu'il veut imposer, la direction du SNES doit rompre la concertation.


Intervention des militants du courant Front Unique à la CA du SNES de l'académie de Clermont-Fd le 9 janvier 2006

Nous avons entendu le discours de Chirac au début de l'année, et il nous a annoncé la poursuite du déluge d'attaques anti-ouvrières:

Sur la sécu d'abord, à travers la "modulation des cotisations patronales". Les cotisations ne dépendraient plus du salaire, mais de la valeur ajoutée des entreprises. Cela signifie une baisse des cotisations patronales, mais aussi la fin du salaire différé. La sécu n'appartiendrait plus du tout aux travailleurs. Qu'en a dit Bernard Thibaut: "J'attends ça depuis 25 ans!" Et Mailly ? "L'essentiel, c'est que les cotisations sont préservées", alors même que justement, elles disparaîtraient. Ces réponses ne peuvent nous satisfaire.

Chirac annonce aussi une diminution drastique du nombre de fonctionnaires, sous le prétexte d'"inverser la courbe de la dette", en oubliant de parler des exonérations d'impôts pour les plus riches et les entreprises.

En ce qui concerne l'enseignement, le déluge aussi continue:

Avec la loi de Villepin appelée cyniquement loi "pour l'égalité des chances", qui chassera des milliers de jeunes de l'école dès 14 ans. C'est la première fois depuis plus d'un siècle qu'un gouvernement veut faire reculer l'âge de la scolarité obligatoire. Mais cela remet en cause aussi le statut des enseignant à travers le système du tutorat, puisque certains enseignants seront mis au service du patronat. De plus, cette loi remet en cause le code du travail, en modifiant l'article L. 117-3, qui interdisait d'embaucher un jeune de moins de 16 ans.

Avec son plan de collège ambition-réussite, De Robien supprime les ZEP, mais surtout crée des sous-collèges, plus autonomes, qui passeront des contrats d'objectifs avec les rectorats. Des collèges dans lesquels les profs seront remplacés par des assistants pédagogiques (3000 sont prévus), ou pourront être soumis à la bivalence école-collège.

Enfin cela s'accompagne d'une réduction drastique du nombre de postes mis aux concours cette année, 32% dans le secondaire.

La direction du SNES ne saurait discuter de tels plans avec le gouvernement. Elle doit, au contraire, en exiger le retrait. C'est le sens de notre motion.

Seconde intervention

Dans la motion d'orientation proposée par la direction on nous dit, à propos des remplacements, "... le ministre continue de faire la sourde oreille alors qu'une immense majorité des collègues y est hostile, mais il espère faire rentrer tout le monde dans le rang à partir du premier janvier avec la fin du volontariat. Ne lui faisons pas ce cadeau". Depuis le premier janvier le décret à force de loi.

Peut on interdire l'application d'une loi établissement par établissement ? Dans un établissement l'intervention du syndicat est conditionné par l'application de la loi, c'est ainsi et personne ne peut dire le contraire. En conséquence si il y a eu un cadeau fait au gouvernement c'est lorsque les lycéens se sont mis en grève contre la loi FILLON au printemps dernier et que la direction de notre syndicat a refusé d'engager les collègues à leur coté permettant au ministre d'aller jusqu'au vote de la loi. Aujourd'hui les collègues confrontés à la mise en oeuvre de la loi ont la rage mais en même temps un profond sentiment d'impuissance face au refus des directions syndicales de combattre réellement la politique gouvernementale, c'est à dire au refus de rompre une concertation qui se fait entièrement sur le terrain de la mise en oeuvre des projets gouvernementaux.

C'est en mettant en échec le gouvernement dans la poursuite de ses plans que peut être créée une situation permettant un retour en arrière sur la question des remplacements. La première responsabilité du syndicat est donc de prendre position clairement comme nous le proposons dans notre motion et d'indiquer, sans tourner autour du pot, qu'il n'y a aucune concertation possible sur sa mise en oeuvre. Une telle prise de position est le préalable pour redonner confiance aux collègues dans leur syndicat.

A défaut, ce ne sont pas les résultats des élections professionnelles qui pourront masquer la désaffection des militants à l'égard du syndicat, ce qui conduit à une situation ou un grand nombre d'établissements n'ont plus de section syndicale, pas même un délégué.

Motion Front Unique soumise à la CA

La CA du SNES de l'Académie de Clermont-Fd, réunie le 9 janvier 2006 constate que le gouvernement continue son offensive contre l'enseignement public et les statuts des personnels de l'éducation nationale.

Le projet de loi Villepin "sur l'égalité des chances" vise à chasser de l'enseignement public des milliers de jeunes, qui seraient envoyés en apprentissage "junior" dès l'age de 14 ans. Pour cela, il entend modifier l'article L 117-3 du code du travail et en finir ainsi avec l'obligation scolaire jusqu'à 16 ans, qui existait depuis 1959 dans notre pays.

Mais aussi il s'attaque ainsi une fois de plus à nos statuts : un enseignant sera déclaré "tuteur" de l'élève en apprentissage, au sein d'une "équipe pédagogique" et devra assurer "un accompagnement individualisé du jeune, en particulier durant les stages effectués en entreprise. Il entretiendra le dialogue avec la famille de ce dernier et est chargé des relations avec les entreprises d'accueil". Bref, un enseignant au service du patronat local.

Avec les collèges ambition-réussite, de Robien veut créer des sous-collèges, plus autonomes, avec des enseignants soumis à la bivalence école - collège, avec 3000 assistants d'éducation, qui serviront de cheval de Troie contre les statuts des enseignants.

Aux concours 2006, le Ministre annonce 4800 (-32 % par rapport à 2005) et 1875 (-13 %) postes supprimés dans les second et premier degrés. La baisse dépasse les 50 % pour les CAPEPS, le CAPET, le concours CPE et les Copsy!

En conséquence, la CA s'adresse à la direction du SNES pour que celle-ci défende les véritables revendications des personnels:

-Aucune réduction du nombre de postes au concours. Création des postes statutaires nécessaires.

-Maintien sans condition de l'obligation scolaire jusqu'à l'âge de 16 ans.

-Retrait du projet de loi De Villepin "pour l'égalité des chances", du projet sur l'apprentissage "junior" dès 14 ans.

-Défense inconditionnelle du code du travail et particulièrement de l'article L117-3.

-Retrait immédiat et sans condition du plan De Robien de liquidation des ZEP, pas un policier, pas un gendarme dans les établissements!

Elle doit, en conséquence, annoncer qu'elle ne participera à aucune discussion, négociation, concertation sur l'élaboration ou la mise ne place de ces réformes réactionnaires.

Pour: 2 ; contre: 14 ; abstention: 4