Compte rendu de la délégation Front Unique au congrès national de la FSU

(28 Janvier - 2 février 2007)


Déclaration au congrès national de la FSU au titre du courant Front Unique

Camarades, Ce congrès se tient alors qu'un coup de première importance est en train d'être porté aux enseignants avec la destruction des décrets de 50. Une nouvelle fois, comme tous les travailleurs ces dernières années, c'est au gouvernement UMP et à sa politique que les enseignants sont confrontés.

Qu'on en juge: la loi Fillon contre l'enseignement public est passée, idem de la loi de privatisation de la Recherche Publique et de démantèlement du CNRS. Les lois CESEDA contre les travailleurs immigrés, la loi dite contre la délinquance, idem. A travers le PACTE, la loi de "modernisation de la Fonction Publique", le statut de la Fonction Publique est profondément attaqué La sortie des TOS de la F.P est réalisée: là aussi disparition de toute grille nationale de rémunération, remise en cause du droit à mutation, sortie des TOS du régime des pensions de la F.P.

Voici les résultats engrangés par le gouvernement Chirac Villepin Sarkozy qui n'interrompt pas pour autant son offensive, à quelques semaines d'élections dont l'UMP entend bien de recevoir un nouvel élan dans les attaques contre les acquis ouvriers au compte du capitalisme.

A ce bilan désastreux une seule exception: le C.P.E ; il importe donc d'y revenir: encouragé par ses précédents succès le gouvernement a cru qu'il pourrait se passer de la concertation avec les syndicats, en son absence les directions syndicales n'ont pu que se prononcer pour le retrait, ce qui a constitué un point d'appui pour la mobilisation de la jeunesse. Ceci met en pleine lumière que pour infliger une défaite au gouvernement il faut "défaire" la concertation. La vérité est que le gouvernement ne pourrait se targuer d'un tel bilan s'il n'avait bénéficié de manière continue - à l'exception de ce qui s'est passé sur le CPE - de la pleine et entière coopération des directions syndicales à travers la politique dite du "dialogue social". S'agissant de la loi contre la Recherche, le représentant du syndicat de la Recherche (SNCS) l'a dit lui-même: "Nous avons fait des propositions très dangereuses qui se sont retournées contre nous".

Sur la loi Fillon, la direction de la FSU, après avoir porté à bout de bras le "grand débat sur l'Ecole", a pleinement collaboré aux différents groupes de travail visant à son élaboration Alors que les lycéens se mobilisaient massivement pour son retrait, la direction de la FSU les a isolés. Alors que la mobilisation lycéenne était à son apogée, elle a refusé d'appeler à la manifestation à l'Assemblée Nationale au moment où cette loi y était discutée. Comme les autres organisations syndicales, elle a laissé les lycéens se faire dépouiller et matraquer par des bandes de lumpen qui bénéficiaient de la mansuétude de la police.

A aucun moment les directions syndicales - et celle de la FSU en particulier - n'ont voulu remettre en cause l'existence du gouvernement comme en a témoigné la participation à la "sortie de crise" du C.P.E sous la houlette de Sarkozy. Participation à la mise en place de la commission Hetzel, discussion dès Juin avec le ministre sur la remise en cause du décret de 50, il convenait que la pénible parenthèse de la rupture sur le CPE - pénible pour le gouvernement et à l'évidence pour les directions syndicales - soit refermée au plus vite. C'est ce que manifeste le soutien plein et entier au discours de Chirac au CES enjoignant les syndicats d'en finir avec la "logique du conflit" pour devenir "acteurs des réformes", vote du texte du CES qui entérine la liquidation des lois et conventions collectives protégeant la classe ouvrière au profit des accords d'entreprise, soutien à l'amendement Chérèque - Thibault à la loi de modernisation du dialogue social, qui, conformément aux objectifs de la très patronale CFDT, vise le même objectif. Et c'est protégé par cette politique de participation que depuis septembre le gouvernement a pu passer la vitesse supérieure: un budget de guerre contre la Fonction Publique et particulièrement contre l'enseignement public, un projet de décret contre les enseignants du second degré baissant le salaire de 80000 d'entre eux de 8%. Le 18 décembre, contre la position de la direction du SNES, laquelle se prononce pour la "réécriture du décret de 50", les enseignants sont majoritairement en grève et imposent que les directions syndicales quittent le CTPM. Mais la direction de la FSU n'a de cesse de faire disparaître le mot d'ordre de retrait du projet de décret gouvernemental. Ce qui fut fait à travers la manifestation du 20 Janvier au profit de l'exigence de " peser sur les décisions en cours ", c'est-à-dire de concertation sur le dit décret.

Camarades, L'offensive de Chirac Villepin Sarkozy ne faiblit pas. Le candidat Sarkozy pleinement appuyé par le MEDEF annonce une nouvelle déferlante d'attaques: nouvelle augmentation des annuités pour la retraite combinée à une baisse du montant des retraites, liquidation des régimes spéciaux, un départ en retraite sur deux non remplacé dans la FP, désertification médicale et transformation de l'Hôpital Public en entreprise, paiement des soins par les malades, liquidation de toute législation sur le temps de travail. Et il y aurait à s'inscrire dans un débat avec lui ? Pour laisser entendre que l'on pourrait l'influencer ? QUI voudrait-on tromper ?

Quelle autre signification y aurait-il à l'adhésion à la CES et à la CSI avec les tenants de la constitution européenne et du syndicalisme chrétien, sinon que d'adresser au gouvernement et au futur gouvernement issu des élections que la FSU entend devenir plus encore que jamais un "partenaire social" responsable et disponible pour participer à la mise en œuvre de sa politique ?

La responsabilité de la direction de la FSU c'est de se prononcer pour la défaite aux présidentielles et aux législatives des candidats des partis bourgeois (en premier lieu Sarkozy, et aussi Le Pen, Bayrou, De Villiers) en appelant à voter pour les candidats des partis issus du mouvement ouvrier, sans accorder évidemment le moindre soutien au programme de ceux-ci. En 2002, notre courant avait combattu pour le même appel contre les candidats Chirac, Le Pen, Bayrou. D'aucuns s'en étaient gaussés au nom du fait que la FSU ne devait pas appeler à voter. Les mêmes comme un seul homme avaient appelé à voter Chirac le 22 avril 2002. Nous disons: le congrès doit appeler à voter dès le premier tour pour les candidats des partis issus du mouvement ouvrier. Et il doit se prononcer contre le vote Sarkozy au premier tour comme au second tour quelque soit le cas de figure. C'est la condition pour organiser dans les moins mauvaises conditions politiques les combats à venir. Mais puisque le gouvernement n'entend jusqu'aux élections pas perdre une seconde dans son offensive, le congrès doit prendre des dispositions immédiates.

Il est encore temps - pour quelques jours seulement - pour le congrès de décider de dresser la profession des enseignants du secondaire contre le gouvernement dans le rassemblement de toute la profession à Paris au siège du gouvernement sur le mot d'ordre unique: retrait du projet de décret De Robien, défense du statut de 50 et d'appeler ce jour là à la grève plutôt que d'opposer à cette exigence une journée d'action sur les salaires et les postes - alors que tous ont laissé passer le budget 2007.

Il est plus que temps d'en finir avec la participation au COR qui méthodiquement prépare les contre réformes du gouvernement contre les retraites. Il est insupportable pour les travailleurs que les dirigeants syndicaux continuent de participer à l'élaboration de ces rapports pour finalement prétendre qu'ils ne partagent pas les conclusions de ce qu'ils ont eux même rédigé: sortie immédiate du COR!

Il est encore temps de rompre le soutien à la scélérate circulaire Sarkozy du 13 Juin 2006 qui sous prétexte de régulariser un sixième des familles d'immigrés organise le rapt jusque dans les écoles des enfants d'immigrés pour les jeter dans les charters d'expulsion du territoire français. Il est temps à l'inverse que ce congrès lance un appel à la direction de la CGT et FO pour le boycott de tous les moyens de transports (avions et bateaux) organisant cette expulsion.

Il est encore temps de se prononcer pour le retrait de la loi de modernisation de la Fonction Publique contre toute participation à la mise en œuvre des nouvelles procédures d'évaluation des fonctionnaires, c'est-à-dire l'introduction du " management patronal" de la carrière des fonctionnaires. Infliger une défaite au gouvernement sur son programme de réformes " scélérates " ce serait la meilleure préparation possible des élections présidentielles, à l'inverse lui laisse les mains libres, en se concertant avec lui c'est préparer la défaite aussi sur ce terrain là. Rompre avec ce gouvernement, c'est aussi rompre tout soutien à la politique de l'impérialisme français. Au moment où en collaboration avec le gouvernement libanais aux ordres, le gouvernement français entend pressurer les masses libanaises pour leur faire payer l'agression d'Israël de l'été dernier au plus grand profit des trusts et des banques, exigeant du Liban la liquidation de ce qui reste de système scolaire, de services de santé etc., il est grand temps que le congrès exige: retrait immédiat des troupes impérialistes du proche et moyen orient en particulier du Liban! Au moment où le gouvernement français après la Côte d'Ivoire envoie ses troupes au Tchad, en Centre Afrique au service des tyrans sanguinaires mais qui ont le mérite d'être tout dévoués aux intérêts des trusts français en Afrique, il est grand temps que le congrès de la FSU dénonce l'intervention militaire de l'impérialisme française en Afrique, exige le retrait de toutes les troupes françaises.

Pour conclure: face à un gouvernement UMP qui fait la guerre ici comme en Afrique aux travailleurs, aux jeunes, aux peuples, qui prépare ainsi les présidentielles, la responsabilité de la FSU c'est de lui déclarer la guerre et d'agir sur tous les plans pour le battre.

Le 29 Janvier 2007

retour à l'accueil