Intervention de Serge Goudard sur les questions internationales (5 février).

La première des deux motions présentées par le courant Front unique sur les questions internationales concerne l'Amérique latine. Elle ne devrait pas poser de problème. Elle a été votée par 65% des délégués du congrès du Rhône. Il s'agit d'affirmer notre solidarité avec les peuples de ces pays, l'Argentine en particulier, contre Chirac et les trusts français qui exigent pour leurs profits, que le gouvernement argentin augmente les tarifs des services publics. La presse rend compte ce matin encore du voyage de Villepinte en Argentine à cette fin.

La seconde question est plus difficile, et concerne la Palestine. Le rapport a intégré la nécessité de combattre l'amalgame qui est fait par certains entre l'antisémitisme et la critique de la politique des gouvernements d'Israël. Mais on ne peut en rester là. Il s'agit d'affirmer le refus de tout amalgame entre antisémitisme et rejet du sionisme, de l'État d'Israël lui-même. C'est un droit démocratique que de critiquer les fondements mêmes de l'État d'Israël.

On peut sur ce plan là rappeler la position de l'écrivain Primo Lévi, qu'il est difficile d'accuser d'antisémitisme. Rescapé des camps nazis il expliquait, avec ses mots à lui, que l'État d'Israël était "une erreur en termes historiques." Quant à nous nous disons plutôt : c'est un État colonial dès l'origine, impulsé par l'impérialisme américain qui a utilisé le désespoir des survivants juifs à la fin de la Seconde guerre mondiale.

C'est de ce point de vue qu'il faut apprécier le projet d'accord de Genève publié à l'automne. Non, ce projet n'est pas "une lueur d'espoir". L'étude précise de ce texte montre, à l'inverse, que l'objectif de ce projet d'accord est le même que celui de la "feuille de route" tracée par Bush. Ce sont deux variantes de la politique impérialiste. Dans les deux cas, il s'agit d'imposer au peuple palestinien, à chaque Palestinien qu'il renonce définitivement à sa terre, qu'il renonce définitivement à revenir dans son pays.

Il s'agit d'imposer aux Palestiniens qu'ils acceptent de se laisser enfermer dans un pseudo-État entouré d'un mur, un État-bantoustan, ce qu'un ancien responsable des services de sécurité israélien qualifiait de "camp de concentration à ciel ouvert".

La FSU ne doit donc afficher aucune forme de soutien à ce projet de Genève pas plus qu'à la "feuille de route". Au contraire, elle doit affirmer : c'est au peuple palestinien et à lui seul, qu'il appartient de décider de la nature et de la forme de son État, ce qui implique que le peuple palestinien puisse se réapproprier l'ensemble de la Palestine historique.

Aussi sommes-nous en désaccord avec le texte présenté sur cette question par le précédent intervenant, texte contradictoire entre son début et sa conclusion. En effet, ce texte commence par affirmer - ce qui est juste - qu'il y a en Palestine "un occupant et un occupé", mais conclut en demandant "des droits égaux pour les deux peuples", ce qui revient à mettre sur le même plan les colons et le peuple palestinien colonisé. Or, c'est à ce dernier de décider de son avenir.

Internationalisme : motion "Amérique latine"
Le pillage de l'Amérique latine par les banques et trusts des pays impérialistes, dont ceux protégés par l'impérialisme français, entraîne une misère croissante pour les peuples de ces pays. Pour tenter d'en finir avec cette misère, avec ce pillage, de puissantes insurrections révolutionnaires ont chassé deux gouvernements successifs en Argentine (hiver 2001-2002) et un président en Bolivie (octobre 2003). De même le vote massif en faveur du candidat du PT brésilien traduisait la recherche d'un gouvernement qui mette fin à cette situation.

Les trusts, les gouvernements impérialistes - dont le gouvernement Chirac - le FMI maintiennent toutes leurs exigences. Ils ont obtenu du gouvernement Lula le paiement rubis sur l'ongle d'une dette écrasante. Ils exigent du gouvernement bolivien qu'il préserve les contrats bradant le gaz bolivien et les services publics de l'eau au profit des trusts impérialistes dont des groupes français. Le FMI vient de réaffirmer ses exigences à l'égard du gouvernement Kirchner en Argentine ; paiement de la dette, et hausse massive des tarifs des services publics argentins afin que les monopoles américains et européens - qui ont fait main basse sur les services publics argentins- puissent engranger de nouveaux profits. Les groupes français (EDF, Suez…) sont en première ligne de cette offensive avec le plein soutien de Chirac.

Contre les exigences et les menaces impérialistes, nous devons apporter notre plein soutien aux peuples de ces pays dominés. Ceci implique - sauf à formuler des vœux pieux pour se donner bonne conscience - de se prononcer, en particulier, contre les exigences des grands groupes français que soutient le gouvernement français et d'organiser la mobilisation pour imposer à ce gouvernement et à ces monopoles français qu'ils renoncent à leurs prétentions.

· Annulation de la dette !
· Arrêt des menaces et des procédures visant à imposer l'augmentation de tarifs des services publics en Argentine !
· C'est le droit élémentaire des peuples d'Amérique latine d'exiger et d'imposer l'expropriation des monopoles impérialistes, français inclus !

Pour 12,52% ; Contre 65,2% ; Abstention 21,97%, NPPV : 116


Internationalisme : amendement au point 4-6.
"La FSU dénonce catégoriquement tout amalgame entre antisionisme et antisémitisme"

Pour 23,99% ; Contre 63,10% ; Abstention 12,92% ; NPPV : 93


Internationalisme : motion "Palestine"
En Palestine, le peuple palestinien continue à subir, jour après jour, les conséquences de l'occupation militaire et coloniale d'Israël. Le gouvernement américain simultanément à son offensive contre l'Irak avait tracé "sa feuille de route" impliquant en premier lieu la désignation par l'OLP d'un dirigeant choisi par le gouvernement américain. Dans le même temps, le gouvernement d'Israël, avec l'aval des Etats-Unis poursuit la construction d'un mur renforçant l'enfermement des Palestiniens. C'est dans cette situation qu'a été rendu public un projet d'accord dit "accord de Genève".

Un communiqué de la direction de la FSU en date du 12 décembre 2003, appelle à soutenir ce projet d'accord dit de Genève élaboré sous l'égide du gouvernement suisse par, notamment, un ancien ministre israélien et un proche d'Arafat.

Or, ce projet d'accord vise - dans la continuité de l'accord d'Oslo-Washington-, en affirmant simultanément "le droit du peuple palestinien à un État et le droit du peuple israélien à un État", à enfermer le peuple palestinien dans un pseudo État réduit à la Cisjordanie et de la bande de Gaza, soumis militairement à l'État d'Israël.

Il est exigé du peuple palestinien qu'il renonce définitivement à l'ensemble de son territoire ; chaque réfugié devra renoncer à retrouver sa terre et, sauf exception, renoncer à revenir dans son pays.

Ce projet d'accord de Genève est donc la négation des droits nationaux authentiques du peuple palestinien. De même, dans une précédente résolution du CDFN de la FSU, il est mis dans une même phrase que la FSU se prononce "pour les droits nationaux du peuple palestinien et l'application des résolutions de l'ONU" Mais, à l'origine, c'est une résolution de l'ONU qui a décidé l'instauration de l'État colonial d'Israël contre les droits nationaux du peuple palestinien qui combattait l'impérialisme anglais (et le fait que l'impérialisme américain, pour créer cet État, ait utilisé la situation désespérée des survivants juifs d'Europe à la fin de la guerre, ne change rien à ce fait). Il ne peut y avoir de "droits nationaux" palestiniens sans remettre en cause l'existence de l'État colonial d'Israël.

Le congrès de la FSU dénonce le projet d'accord de Genève au même titre que la "feuille de route" dictée par Bush qui sont deux variantes de la même politique impérialiste. Le congrès de la FSU affirme : il appartient au peuple palestinien et à lui seul, sur la base de la récupération de la Palestine historique de définir la nature et la forme de l'État palestinien.

Pour 3,57% ; Contre 96,28%, Abstention 0,17% ; NPPV : 43


N.B. Le rapporteur a indiqué qu'il " n'appelait pas à voter contre " la motion " Amérique latine " ; il a appelé à voter contre l'amendement et la motion sur la Palestine